Témoignage – Confiance

S. D. – Nous sommes à l’atelier Les mots qui réveillent et nous sommes le mardi 29 mai 2018. Vous allez toutes les deux dire deux trois petites choses qui vous viennent sur Les mots qui réveillent. C’est toi qui commence pour les questions ?

C. – Pour toi l’atelier c’est… ?

K. – Pour moi l’atelier c’est un moment privé, on peut parler de ses problèmes, de ses… on va dire, secrets.

C. – Depuis quand viens-tu ?

K. – Depuis que je suis arrivée en sixième, ben depuis que je suis arrivée au collège.

C. –  Est-ce que tu voudrais continuer ?

K. –   Oui, j’aimerais bien continuer.

C. – Qu’est-ce que ça t’apporte ?

K. – Parfois quand je garde trop longtemps mes secrets en moi, je me sens mal. Donc là quand je dis mes secrets à tout le monde je me sens mieux.

S. D. – Je vais te poser deux trois questions pour préciser un peu ce que tu viens de nous dire. Tu as dit que tu venais depuis ta sixième et là maintenant tu es en quelle classe ?

K. – Maintenant je suis en cinquième.

S. D. – Donc c’est la deuxième année que tu viens dans Les mots qui réveillent.  Qu’est-ce qui t’a donné envie de venir pour commencer ?

K. – Au début j’étais pas vraiment venue pour parler vraiment. Au début, ben j’étais en sixième, j’étais venue pour m’amuser et tout. Maintenant je comprends mieux.

S. D. – Il y a quelque chose qui a changé pour toi entre le moment où tu as commencé et aujourd’hui. C’était plus du jeu, pour s’amuser, pour jouer…

K. – Pour rester au chaud l’hiver. Maintenant que j’ai grandi, j’ai grandi aussi en maturité, c’est vrai que c’est plus…. C’est comme ça.

S. D. – C’est comme ça, ça a changé. Combien de temps est-ce que tu penses que tu vas pouvoir continuer. Est-ce que tu sais ?

K. – J’pourrais pas  rien  prédire. Je sais que l’année prochaine je viens, en troisième après on verra.

S. D. –  Très bien. Tu verras si tu continues à ce moment-là. D’accord. Est-ce qu’on pourrait changer ? Cette fois c’est toi qui poses les questions ?

K. – Pour toi l’atelier, c’est quoi ?

C. – Ben ça sert à parler aux gens…. de ce qu’on a à l’intérieur de soi et que ça reste privé.

K. – Depuis combien de temps tu viens ?

C. – Depuis quelques mois.

S. D. – Tu peux dire si tu veux faire un commentaire sur….

K. –  Est-ce que tu voudrais continuer ?

C. – ça dépend. Si j’ai la force de continuer.

S. D. – Ah ! si tu as la force ! ça te demande de la force !

C. –  Je ne sais pas…  mais c’est vrai en fait.

K. – Qu’est-ce que ça t’apporte ?

C. –  … … Je réfléchis. Ben de rester avec mes copines, de parler au professeur et voilà… et de gar.. de dire un peu mes secrets à des gens que je fais confiance. Voilà au revoir !

S. D. – C’est important ça de pouvoir faire confiance. Tu disais tout à l’heure comme ça de pouvoir parler à tout le monde. Est-ce que vraiment vous parlez à «  tout le monde » ?

K. – Non, on parle à un petit groupe en confiance.

S. D. – Voilà, c’est un petit groupe. […]

K. –   Une fois quand j’étais en CM2 je lui ai dit un truc, elle a tout rapporté à l’école.

S. D. –  Ah ! C’est ça. Donc quand tu parles de confiance, c’est que ça reste….

K .- Un secret.

[…]

S. D. – Je vais poser la question qui est au tableau. Vous avez toutes les deux écrit une question… et il se trouve que vous avez toutes les deux écrit la même question : « Qu’est-ce que la confiance pour toi ? » Qui est-ce qui répond ?

K. – Pour moi la confiance c’est pas des gens qui, quand on dit des secrets, le répètent à tout le monde. Comme en primaire, on est des bébés, enfin des bébés entre parenthèses, on dit des secrets et après on va le dire au professeur, « Ouais, nanana, nananaire… » Non, la confiance c’est, ça reste privé. C’est comme l’exercice, il y a quelqu’un derrière toi. Tu tombes et il doit te rattraper. Eh ben on lui fait confiance.

S. D. – C’est quelqu’un qui peux te rattraper. Quelque chose comme ça.

K.- Oui. C’est…

C. – Tu me fais confiance alors !?

K. –C’est par exemple C. elle est derrière-moi.

C. – Vas-y !

K. – Moi je suis derrière, je me laisse tomber en arrière et elle, elle doit me rattraper.

C. – Mais non mais….

S. D. – Et pour toi qu’est-ce que c’est la confiance ?

C. –  C’est pareil ce qu’elle a dit.

S. D. – Et si tu le disais avec tes mots à toi ? Parce que même si « c’est pareil », c’est tes mots qui m’intéressent.

C. – Ben moi, c’est par exemple, en primaire, par exemple on dit à notre copine de CP, ou  CE1, CE2 voilà quoi, et ils disent tout et d’un coup, après elle va voir son autre copine et elle lui dit : « Tu veux que je te raconte un secret ? » et elle lui raconte tout ce qu’on vient de lui dire.  C’est ça en fait. Oui, c’est vrai en fait, en CP je faisais ça.

S. D. – Tu faisais ça, toi aussi, en CP ?

C. –  Tout le monde le faisait en fait.

S. D. – Tout le monde le faisait…

C. – Ben oui….

S. D. –Comment c’est maintenant, pour toi, quand il y a des secrets ?

C. –Ben je les garde.

S. D. –  Tu les gardes ? …. Vas-y, dis, tu n’avais pas l’air d’accord.

C. – Si si, on les garde nos secrets.

K. – Ben oui on les garde…

S. D. –  C’est important pour vous qu’ils soient gardés. Je vais rajouter une question parce que vous avez proposé : « Qu’est-ce que c’est la confiance pour toi ? » Moi j’ai envie de vous dire, mais  qu’est-ce que c’est un secret ?

K. – Le secret c’est quand on sait quelque chose sur quelqu’un et que, ben on doit pas le dire. On doit le garder avec nous, dans… voilà.

S. D. – Quand on sait quelque chose qu’on ne doit pas dire. C’est ça un secret ?

C. – J’en ai dit un à ma sœur elle a tout répété à ma belle-mère.

S. D. – Tu as dit un secret à ta sœur…

C. –  Et au cas où, ma sœur elle a sept ans ½.

K. –  Moi pareil. J’ai dit à ma sœur un secret sur ma tante. Et comme on… et après… donc je lui ai dit,  j’ai dit quelque chose de mal et tout. Et après quand on a été chez ma tante elle a tout répété. J’ai bien été punie.

C. – Et elle a quel âge ?

K. – Ma sœur maintenant elle a dix ans.

S. D. – C’est important pour toi de savoir l’âge ? Qu’est-ce que ça veut dire alors, l’âge par rapport au secret ?

C. –   L’âge mental.

S. D. – L’âge mental ? C’est-à-dire ?  Parce que tu as dit tout à l’heure, c’est important je crois, elle avait sept ans ?

C. – En primaire, ils font pas vraiment attention.

S. D. – C’est ça. En primaire quand on est un petit enfant on a du mal à garder les secrets et quand on est au collège…

K. –  On comprend mieux.

[1]Trésor de la Langue Française Informatisé, http://atilf.atilf.fr/tl.htm